Alyette est guadeloupéenne, elle participe aux visio-ateliers depuis chez elle ou en métropole. ‘onCOGITE m’a permis de reprendre possession de mon cerveau, de lui réapprendre à être fonctionnel et ce de manière autonome. Avant tout, ça m’a redonné confiance en moi.’

Bonjour, pourriez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?  

Je m’appelle Alyette, j’habite la Guadeloupe, où j’ai été suivie pour un cancer du sein, il y a 15 ans (opération, chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie). Depuis j’ai eu des métastases au poumon gauche, puis au cerveau. Je suis suivie à Villejuif à Gustave Roussy. J’ai 48 ans.

 Quand avez-vous pris conscience de vos séquelles cognitives ?

Lors de mon premier cancer, je ne me suis pas rendue compte des séquelles cognitives. J’ai continué mon activité professionnelle en tant que chef d’entreprise et je ne me suis pas arrêtée de travailler. Par contre, lors de l’apparition des métastases et après l’opération du cerveau, j’ai eu des crises d’épilepsie, et des malaises. A ce moment-là, j’ai pris conscience que je n’avais plus de mémoire et que j’oubliais certaines choses. Moi, qui ai mené plusieurs entreprises, me voir dans cet état a été extrêmement perturbateur psychologiquement.

En octobre dernier au moment de la préparation d’un concours de la fonction publique, je me suis rendue compte que je ne retenais pas ce que j’apprenais. Lors du jour du concours, j’ai eu un gros bug. Je ne me souvenais de rien du tout. A partir de là, je me suis dit qu’il fallait que je trouve une solution. J’ai effectué beaucoup de recherches internet et j’ai assisté à quelques webinaires. Mon but était de savoir comment travailler ma mémoire mais pas sur le versant maladie d’Alzheimer. Puis, par hasard, je suis tombée sur le site d’onCOGITE.

 Quel a été le rôle d’onCOGITE dans votre rétablissement ?

‘Le choix des créneaux me permet aussi d’avoir un atelier à une heure plus raisonnable. Il faut en tenir compte pour les gens d’outremer…La séance hebdomadaire d’onCOGITE est le moment où je fais du bien à mon cerveau’

J’ai effectué mon premier atelier avec Véronique (atelier Licorne). Ma particularité c’est qu’il faut que je prenne en compte le décalage horaire. En effet, je dois me lever à 5 heures pour pouvoir réaliser l’atelier de 11 heures, (heures de la métropole). Le choix des créneaux me permet aussi d’avoir un atelier à une heure plus raisonnable. Il faut en tenir compte pour les gens d’outremer.

Je me suis rendue compte que même pour mon premier cancer, il y avait eu quand même des répercussions sur mon cerveau. onCOGITE m’a permis de ne pas culpabiliser d’oublier et de prendre conscience que j’étais acteur et que je pouvais faire ce travail de remédiation. Ça a été l’occasion d’écouter davantage mon corps. La séance hebdomadaire d’onCOGITE est le moment où je fais du bien à mon cerveau. Quand je ne peux pas suivre ma séance dédiée, je peux aller sur une autre plage horaire et c’est très appréciable.

 Quels progrès avez-vous fait suite aux ateliers ?

Lors des premiers ateliers, j’avais l’impression d’être la seule « jeune ». Mais aujourd’hui, je ne suis plus la seule jeune et c’est rassurant de ne pas être dans un atelier de mémoire pour les personnes âgées.

‘Pendant l’atelier, je sens bien que mon cerveau travaille et que ça a une répercussion sur mon attention.’

Au début, j’étais dans la spontanéité et l’observation. Puis au bout de 4/5 ateliers, je n’arrivais plus à avoir de la créativité dans mon écriture. Je me suis demandée si je n’étais pas en train de perdre ça à force de faire travailler mon cerveau. Mais après d’autres ateliers, ma créativité est revenue. D’ailleurs, j’aime le vocabulaire. Il m’arrive après certains ateliers d’onCOGITE, à partir de nouveaux mots appris,00//////////* d’écrire sur ces mots quelques lignes.

Lors des exercices d’apprentissage des mots, je me suis même rajoutée une difficulté au lieu de les restituer librement, je les trie par ordre alphabétique décroissant.

Au niveau des exercices avec les chiffres, je trouve un peu compliqué de différencier les nombres pairs des impairs surtout quand ça va vite. Bien souvent, je me mets la pression pour les réussir.

Dans les premiers ateliers réalisés, je ne pouvais pas rester assise trop longtemps. Je devais me lever pour marcher. Certains exercices étaient difficiles pour moi surtout ceux sur la mémorisation des noms et des visages. Pour l’exercice relatif à la mémorisation des noms et visages, étant originaire de Guadeloupe, je ne dispose pas des mêmes codes que ceux de la métropole notamment sur la notion de blond(e)/ brun (ne). De ce fait, je mets en place d’autres stratégies de mémorisation.

Avec la maladie, je me suis rendue compte que l’attention avait été touchée. Toutefois, j’ai perçu ce changement comme une nouvelle naissance.  J’ai alors pris conscience qu’il fallait que ma mémoire soit travaillée, que face à une quantité d’informations, je devais apprendre à faire le tri. Pendant l’atelier, je sens bien que mon cerveau travaille et que ça a une répercussion sur mon attention.

Et demain ? Où et comment vous voyez-vous ?

onCOGITE m’a permis de reprendre possession de mon cerveau, de lui réapprendre à être fonctionnel et ce de manière autonome. Avant tout, ça m’a redonné confiance en moi.

Il faut accepter qu’on n’est plus comme avant, qu’on est différent.  Je ne suis plus Alyette d’avant, qui travaillait à fond et qui faisait plusieurs activités entrepreneuriales. Avec mon poumon en moins, la respiration n’a plus suivi. Aujourd’hui, j’ai appris à vivre avec la maladie. Je suis ce que je suis.